C’est d’une voix tranquille que Fritz Demmer raconte son histoire. Pourtant, le skipper allemand se retrouve sous les feux de l’actualité insulaire depuis que le voilier qu’il conduisait a accosté, il y a deux jours, dans le port de Porto-Vecchio, avec une famille de réfugiés syriens à son bord. Attablé dans les salons de l’hôtel Ibis Styles d’Ajaccio, le septuagénaire savoure son cappuccino, à défaut de goûter la quarantaine imposée par les autorités, pour des raisons sanitaires. Fritz Demmer a toutefois de quoi être soulagé, puisque c’est libre et sans aucune poursuite retenue à son encontre qu’il est sorti, la veille, de sa garde à vue dans les locaux de la gendarmerie.
« Ils avaient besoin d’aide. »
« C’est l’amitié qui m’a poussé à faire cela », précise-t-il d’emblée. « Ils sont tous de la même famille, et ce sont de bons amis depuis longtemps. » C’est par l’intermédiaire de son épouse, interprète, que Fritz Demmer a rencontré Ahmed, le père de la famille syrienne. S’ils ne parlent pas la même langue, l’amitié nait immédiatement entre eux, selon le septuagénaire. « Quand on est amis, on n’a pas besoin de parler, on se comprend », assure-t-il. Fritz Demmer est touché par sa détresse. « Il était un grand cadre en Syrie, il avait une très bonne vie et du jour au lendemain, il a tout perdu, sa famille a été envoyée en Turquie. Tout son monde s’est écroulé », raconte-t-il.
« La situation en Turquie devenait de pire en pire pour eux, ils étaient attaqués dans la rue. Ils avaient besoin d’aide. » C’est pourquoi Fritz Demmer décide, après deux semaines passées à Istanbul en famille, de louer un voilier pour ramener ses amis vers la France. « Ensuite, leur famille devait venir les chercher pour les ramener en Allemagne » confie le skipper.
« La situation en Turquie devenait de pire en pire pour eux, ils étaient attaqués dans la rue. Ils avaient besoin d’aide. » C’est pourquoi Fritz Demmer décide, après deux semaines passées à Istanbul en famille, de louer un voilier pour ramener ses amis vers la France. « Ensuite, leur famille devait venir les chercher pour les ramener en Allemagne » confie le skipper.
« Je le referai encore pour un ami »
Mais la traversée ne s’est pas déroulée comme prévu. « C’était un concours de circonstances très défavorable. Il y a eu des vents contraires et nous sommes tombés en panne », relate Fritz Demmer. Le voilier se retrouve au large de Porto-Vecchio, sans eau ni carburant. « Le vent est devenu très fort, tout le monde était malade dans le bateau. J’ai vu les bateaux des gardes maritimes, alors j’ai demandé de l’aide », poursuit-il. La famille et le skipper sont finalement ramenés au port de Porto-Vecchio, où ils ont été « bien accueillis » par les secours et les autorités.
À ce jour, Fritz Demmer ignore le sort qui sera réservé à ses amis (NDLR : ils sont partis en avion pour Marseille ce vendredi). De son côté, il regagnera l’Allemagne, dès sa quarantaine de dix jours terminée. « Je ne peux plus rien faire, j’ai essayé de les aider. » Mais il veut rester optimiste : « La situation pour eux sera toujours meilleure qu’en Turquie. » Ce qui est certain, c’est qu’il ne regrette pas son geste. « Je le referai encore pour un ami. Je crois que ce que j’ai fait est bien. »
À ce jour, Fritz Demmer ignore le sort qui sera réservé à ses amis (NDLR : ils sont partis en avion pour Marseille ce vendredi). De son côté, il regagnera l’Allemagne, dès sa quarantaine de dix jours terminée. « Je ne peux plus rien faire, j’ai essayé de les aider. » Mais il veut rester optimiste : « La situation pour eux sera toujours meilleure qu’en Turquie. » Ce qui est certain, c’est qu’il ne regrette pas son geste. « Je le referai encore pour un ami. Je crois que ce que j’ai fait est bien. »